À la Sultane de l'Islam
Ô délicieuse,
ô légère almée,
tu chantes dans l'écume des vagues
la nostalgie de la plaine marine
pour la terre ferme,
ce paradis azuré
où les tourterelles chantent
dans les palmiers ou les orangers,
cependant que les pigeons bleus du désert
s'envolent au soleil enivrant
de trois heures de l'après-midi!
C'est que tu es une Arabe de race pure,
appartenant à la noble tribu des Arba,
une de ces Arabes de harem califal
qui voyageaient jadis en litière fermée,
juchées sur des blancs dromadaires,
pareils à des méharis et que seuls,
parmi les hommes,
leurs domestiques nègres avaient le droit
de converser avec elles!
Tu es, toi-même, bien faite,
pareille à une cavale éblouissante
à la robe de satin blanc!
Ton regard de feu
s'échappe comme une comète
de tes yeux en amande,
agrandis par le Kohl!
Et ton âme est un flambeau
dont la flamme ne vacille guère
dans la nuit immobile et calme
de la canicule
dont les braises s'allument
dans mes entrailles fiévreuses!
Car, c'est une nuit de Ramadan,
que dis-je, de Baïram
où les coeurs des musulmans
et des musulmanes
se réjouissent sans répit,
après une abstinence
qui aura duré et duré
pendant tout un mois lunaire
et où toutes les musiques de Turquie,
de Perse et d'Arabie
rendent un éclatant hommage
à ta vie
et à ta beauté auguste,
ô viziresse, ô princesse,
ô cadine,
ô Sultane de l'Islam,
ô Impératrice d'entre les reines,
ô glorieuse Chabanou!
CIGALES DE FEU
RECUEIL INEDIT. 30 JUILLET 2006