Ode à Maya
Tu es la poissonne singulière
dont je suis le poisson étrange
qui te pénètre de jour et de nuit,
sous la lune ou à la lueur des étoiles,
en hiver comme en été,
au printemps d’or
comme à l’automne de rubis !
Toi qu’on appelle Maya
ou Magie
et que les religions pessimistes,
celles dont la seule qualité fut
d’avoir érigé la pure mélancolie
en vertu,
oui, toi que les religions
appellent Illusion,
moi, je te nomme céleste enchantement
et divine musique
consistant surtout en jeux de jouvencelles
indiennes ou siamoises
ou annamites ou nipponnes !
Ceux qui ne te voient pas,
ni te touchent, ni ne t’éprouvent,
doivent t’imaginer sous l’aspect
d’une almée égyptienne
dont les jeux de hanches
vous font sentir dans la bouche
un goût de fruit défendu
et une saveur de soma hindou
qui n’est autre que le nectar
destiné aux dieux et aux déesses
de l’Olympe !
Or, Maya n’est autre
qu’une danseuse orientale
dont nos sens sont ivres !
Et il est communément admis
par tous les sages de l’âge moderne
qu’un homme et une femme
parviennent à l’illumination
par la voie de l’amour,
beaucoup plus surement
et beaucoup plus rapidement
que par les mille austérités
de l’ascèse chrétienne ou musulmane
ou que par les techniques savantes
du yoga !
Voilà pourquoi, je te chante,
ô Maya,
ô Illusion,
ô Vérité universelle,
à l’image de l’argile
qui prend universellement
toutes les formes possibles
et imaginables !
JASMINS DE DECEMBRE
RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 18 DECEMBRE 2008