Le Poème du Perroquet Blanc


Moi, perroquet blanc
vivant à la cour
d’une princesse impériale de Chine,
j’ai récité le poème qui suit
à l’oiselle blanche, ma compagne :
Ô bellissime dame,
diamant d’entre les diamants
de la Couronne royale,
perle grosse comme un oeuf de poule,
contempler votre croupe énorme,
c’est se délecter de mille arbouses savoureuses
du Kiangnang
et de mille mandarines embaumées
du Tongt’ing,
et c’est ouvrir les portes de l’âme
à la brise divine
qui souffle des îles du Sud,
aux nuages qui passent
à une allure vertigineuse
en direction de Pékin
et aux oies sauvages
qui traversent en automne
le ciel de l’Orient Extrême !


Afin de satisfaire votre moindre désir
et votre moindre caprice,
je suis devenu marchand
et voilà que j’ai acheté
mille rouleaux de toile
de coton blanc
qui me serviront à confectionner
le pantalon moulant
contenant votre croupe colossale
pour la possession de laquelle
je suis prêt à me ruiner,
ô trésor de ma conscience,
dame qui êtes la moelle épinière
et l’ossature souple de ma vie !


Me séparer de vous,
c’est me séparer de mon premier cri
de nouveau-né
et c’est renier le ciel
qui a fait de moi le chantre prédestiné
de votre beauté !


Or, rien n’est plus pénible
que la séparation dans la vie
ou dans la mort
et que le reniement de cette déesse
qui m’a mis un beau matin rose
sur la voie de l’amour !


BRANCHES DE CORAIL

RECUEIL INEDIT. DU 26 DECEMBRE 2008 AU 03 JANVIER 2009