L'Atticienne


De par le soleil du sommet de l'été,
l'eau smaragdine
de cette source où je me désaltère
au zénith du jour
m'autorise à rêver de toi
comme d'une jeune Atticienne,
oui, d'une suave Atthide
à l'ombrelle rose,
à la ceinture écarlate
et à la fine tunique d'Amorgos
sous laquelle transparaît
le Delta du Nil
de ton ventre de satin
dont la pointe tournée vers le bas
bleuit sous le tissu arachnéen
de ta petite tunique insulaire!


Que de fraîcheur
et que de beauté
se cachent dans cette eau
où je crois voir ton champ d'amour
comme d'autres voient
sur la carte de Rome
le Champ de Mars!


En effet, que de cavalcades
dans ton champ de femme,
aussi vaste et aussi fertile
que les plaines de Béotie!


Oui, que de chevauchées,
que de folles équipées
à dos de mulet
sur la plaine étale
et sur les monts avoisinants!


Est-il possible de concevoir
une semblable densité de vie
que celle qui se concentre
dans tes champs fauves?
Honnêtement,
je ne le crois pas!


Et que dire de ta croupe opulente
de Corinthienne?


Ô vous, remparts de Babylone,
châteaux d'Iran,
palais somptueux des Indes
et pagodes quiètes de Chine,
vous n'êtes que fumée
et hallucination,
comparés aux flancs
de ma Reine Bien-Aimée,
de ma sublime maîtresse
dont les feux dureront toujours!


LA REPUBLIQUE DES OISEAUX

RECUEIL INEDIT. 10 AOUT 2006