Eaux Claires
Ô toi dont le coeur
est pareil à un étang
qui n’est pas agité
par de boueuses passions,
sache que l’homme qui demeure
avec une femme supérieure
est comme celui qui fréquente
une maison parfumée :
avec le temps, il se transforme
et devient semblable à elle !
Or, tu es pareille à une chambre
où l’on brûle de l’encens
dans une cassolette de bronze !
Oui, tout en toi est arôme
et baume
et jusqu’à ta chair
que tu laves à l’eau de rose
et que par la suite
tu oins de musc de Chine !
Et tes aisselles d’embaumer la citronnelle
et ta vulve la marjolaine
et le laurier !
Et ta chevelure de soie
de sentir, tantôt la fleur de pêcher,
tantôt la mandarine rouge,
et cela selon les saisons de ton coeur,
hiver ou été,
printemps ou automne !
Or, je me repens aujourd’hui
d’avoir trop contemplé
dans le passé
les jeunes filles à l’âme trouble,
si différente de ton âme à toi,
ô très charmante
et très chère personne !
Tchouang-Tseu ne disait-il pas
que contempler les eaux boueuses,
c’est manquer les eaux claires ?
GOUTTES DE BRUINE
RECUEIL INEDIT. DU 04 AU 10 JANVIER 2009