La Femme plus Belle que la Vérité


Les magnifiques nuages d’automne
touchent aux cimes arrondies
des montagnes
comme tes fesses superbes
touchent aux cimes arrondies
de tes cuisses !


Or, tu possèdes la plus belle croupe
au monde
et la plus ferme,
une croupe si étonnante
que la baie de Tonkin
reproduit exactement sa courbe,
tant et si bien que quand je la vois,
je porte ma main droite
à mes lèvres
en signe de baiser,
tout en formulant intérieurement
le voeu de t’aimer
une de ces soirées
où d’habitude je sanglote,
tant la lune me remplit de nostalgie !


Or, Han-Iû disait qu’il est trois pointes
dans l’univers :
la pointe du pinceau,
la pointe de l’épée
et la pointe de la langue !


Oui, avec la pointe de ma langue de poète
je relève pour l’éternité
ce qui chez une femme
mérite d’être loué, chanté,
poli, ciselé, aimé !


Car telle est la puissance de la parole
qu’elle peut changer le monde
en fustigeant ce qui s’éloigne
de la nature,
ou en louant, au contraire,
ce qui s’en approche !


Ô belle comme le désir,
sache que, depuis mon adolescence,
ma tactique en présence d’une femme
consiste plus à la voir, la regarder,
la contempler
qu’à l’écouter !


Je me montre en cela
fidèle à ce proverbe chinois
qui dit que par les yeux
on va jusqu’au vrai,
et par les oreilles
on va droit au faux !


C’est par la vue qu’on saisit le mieux
la part inconsciente
de l’esprit d’une femme
et donc, sa vérité,
alors que les mots qu’elle prononce
tendent à occulter sa véritable pensée !


Il est de jeunes filles
que je sais être des natures rebelles,
à force de noblesse,
mais qui, quand elles ouvrent la bouche,
paraissent des natures fort communes !


De la sorte, je puis démasquer
les jeunes dames qui se couvrent
du manteau d’hermine de la vertu,
afin de tromper
et de troubler l’univers entier
ou les jeunes femmes qui revêtent
une peau de brebis
sous laquelle pourtant
bat un coeur de louve féroce !


Quant à toi, ô plus belle
que la vérité,
les quelques paroles
que tu m’as dites
ne m’ont convaincu
que d’une seule chose,
à savoir que la vue est supérieure
à l’ouïe,
comme la contemplation à l’action !


Et c’est cette faculté de contemplation
qui est la seule
dont un lettré puisse s’enorgueillir,
sans trop se nuire !


GOUTTES DE BRUINE

RECUEIL INEDIT. DU 04 AU 10 JANVIER 2009