La Pékinoise


Ô toi qui es la Femme quintessenciée,
dans ta vulve de soie rouge,
brodée d’abeilles et de roses,
oui, dans ton cocon de ver à soie,
tu caches toute une Chine infinie
et un quadruple Pékin
couleur de sang,
à travers ta Ville chinoise,
ta Ville tartare,
ta Cité impériale,
et ta Cité violette
où bat le coeur
de ton empire de tigresse éblouissante,
montée par un dragon de marbre
à cinq griffes satinées !


Sous la mousseline blanche
de ton pantalon moulant,
je sens le lion colossal
de ta croupe semblable par la texture
à un tapis d’empereur céleste,
si épais qu’il assourdit les pas
de ceux qui marchent dessus,
comme s’ils foulaient une pelouse
au printemps !


Oui, c’est dans un silence
de Cité interdite,
habitée seulement par une impératrice
et par des mandarins,
que je caresse victorieusement ta hanche
plus voluptueuse pour le poète
qu’un vin très doux qui enivre
et plus plaisante au toucher de l’artiste
qu’une laine de Mongolie,
voire de Cachemire !



Or, cette caresse inoubliable,
que dis-je,
cette caresse prodigieuse,
est le seul trésor
que j’emporterai dans l’autre monde !


L'ILE DES JADES

RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 24 JANVIER 2009