Sous l’Arceau de Marbre
Ton cou qu’enlace
un collier de perles fines
est un perron de marbre
que gardent les deux lions
ruisselants d’or
de tes seins de Reine
et qui mène à l’intérieur
du palais de laque rouge
de tes lèvres princières
et à tes dents étincelantes
comme des lunes toutes blanches
ou des jasmins !
En amont du château d’agrément
de ton visage,
se déploie ta verte chevelure,
ornée de toutes sortes de broches
d’or ou de pierreries,
semblable à une forêt
des alentours de Pékin,
bruissante sous le vent de Mongolie,
et où voleraient d’arbre en arbre,
oui, de cèdre en cèdre,
des phénix d’or
et des paons de lapis-lazuli !
Cependant, sous la blanche dentelle
de tes charmants dessous,
je devine la charmille de bambous légers
de ton pubis
que tu ne fais point épiler,
afin de préserver de la sorte
la beauté de ta chair
de femme élégante et galante !
Or, ton pubis évoque ainsi
un oratoire rempli de petites déesses bouddhiques
en bois ancien
et à qui tu porterais en offrande
les lotus roses de ta vulve
aimée des poètes
et des dieux !
Mais ton charme le plus étonnant
et pour lequel je serais capable
de me ruiner
si tu ne m’en empêchais pas,
est, bel et bien, ta croupe,
arceau de marbre
jeté sur la large rivière
de ton ventre clair
et qui donne accès
à l’Île des Jades
de tes reins,
plus lisses qu’une soierie impériale !
Or, ta croupe est le plafond
d’or rouge
d’une pagode chinoise,
oui, la voûte d’or
vers laquelle montent
les volutes de fumée
de ma pipe de mandarin,
et avec elles,
mes prières nocturnes
aux divinités de l’amour !
L'ILE DES JADES
RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 24 JANVIER 2009