La Petite Princesse de Chine


Ô ma petite princesse de Chine,
comme j’aime ton va-et-vient
plein d’entrain
et où, tout en t’éventant nerveusement
et en dodelinant de la tête,
tu te dandines doucement
avec des ondulations de serpent
et un mouvement régulier, incessant,
obsédant
ainsi qu’un balancier de pendule
ou comme un coeur de jeune femme amoureuse,
éprise des fleurs du printemps,
des nuages d’hirondelles
et de son amant !


Sous ton pantalon de soie noire
qui moule ton magnifique corps,
tes cuisses vigoureuses
évoquent les remparts crénelés
d’une ville chinoise du passé,
oui, tes cuisses superbes
évoquent les murailles
de l’antique Tchou-Tchéou
sous les deux altissimes tours
de tes hanches
que sous la noire dentelle de tes dessous
je devine toutes blanches
comme le duvet des saules en fleur
tombant en neige
ou comme l’ouate
ou ainsi que la substance éthérée
d’une nuée d’été
ou que la masse du soleil ardent
par une matinée d’Avril !


J’aime aussi avec passion
ces souliers de velours
que tu portes
et qui rendent feutrés
tes pas,
semblables aux pas
d’une petite chatte discrète
et réservée !


Pourtant, tu devrais être fière
de ton corps
qui semble avoir été ciselé
par un ciseleur d’argent d’Y-Tchéou
dont il serait le chef d’oeuvre
incontesté !


En ce moment où le soleil réapparaît
au-dessus des steppes de Mongolie
après un hiver glacé,
parvient jusqu’à mon coeur
l’appel d’une aube vernale
qui serait ton visage tout blanc,
avec un cercle rose
au milieu de la joue
en guise d’aurore nouvelle !


Ainsi qu’un horizon pur,
ton âme s’offre à mon amour,
enjouée ainsi qu’un lutin
et opulente comme le trésor
du Fils du Ciel,
ainsi qu’on appelait naguère
l’Empereur de Chine !


L'ILE DES JADES

RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 24 JANVIER 2009