La Mer Danseuse


Ô charmante courtisane de mon âme
et petite concubine de mon coeur,
sache que ton bien-être est
mon unique souci
en ce monde étrange
où l’on naît seul et l’on meurt seul
et dans cette vie plus courte
que la jeunesse d’une abeille
ou que la floraison d’un prunier !


Le bon air que tu respires
et l’eau merveilleusement pure
que tu bois,
n’ont pu que t’aider
à devenir habile
dans les arts de la musique, de la poésie,
de la danse et de la calligraphie !


Or, ton éducation,
si étonnamment réussie,
évoque plutôt celle que recevaient
les plus passionnantes
des courtisanes,
sous la dynastie des Gupta,
époque où la civilisation indienne
brilla de tous ses feux !


Car tu es si extraordinaire,
que l’on te dirait surgie
du Kama Sutra de Vatsyayana
ou d’un roman antique
du pays tamoul !


Cependant, l’excellence de tes dons
est la plus manifeste
dans l’art de danser !


En effet, tu danses
à la manière impalpable
d’une almée,
en déplaçant à peine les pieds !


Oui, tu danses du bout de tes sourcils noirs
et du bord de tes paupières
fortement maquillées,
en faisant mouvoir tes grands yeux sombres,
ta tête brune coiffée avec art
et tes hanches amples
ainsi que des éléphanteaux blancs
ou des soleils rayonnants
ou des ciels étoilés d’été,
à Mangalore, sur la côte de Malabar !


Or, en pratiquant la danse
de cette façon,
tu t’identifies à la mer d’Arabie,
immobile et resplendissante,
ou ondoyante et bleuissante,
sous un ciel de cobalt,
par une matinée radieuse de Mai !


LE STUPA D'OR

RECUEIL INEDIT. DU 25 AU 31 JANVIER 2009