Le plus Beau des Perroquets


Elle m’avait abordé
alors que je me promenais dans la rue !
Elle avait les hanches amples
sous son sari rouge et or
et ses cheveux étaient lustrés
d’huile de lotus !


Ses seins étaient poudrés de safran,
ses lèvres jetaient des flammes douces,
pourpres comme des jujubes,
et ses yeux étaient sucrés
comme des mangues !


Ses joues étaient enduites
d’un onguent spécial
qui rehaussait la beauté de sa face
encadrée par la mer tranquille
de ses cheveux lisses !


Elle me répétait tendrement :
« viens chez moi
voir mon beau perroquet ! »


Et je l’ai ainsi suivie dans sa demeure
où nous avons commencé
à chercher son joli perroquet
dans les chambres du gynécée
qui embaumaient la rose
et où nous avons seulement trouvé
des servantes qui nous épiaient !


On l’a cherché dans le jardin
où l’on entendait le bourdonnement assourdissant
de dizaines, de centaines d’abeilles
et où, sous la tonnelle,
l’odeur des roses
se mêlait au parfum des jasmins,
cependant que de temps à autre
un coucou lançait des appels pathétiques !


Et, comme il n’y était pas non plus,
nous l’avons cherché au bord du ruisseau
qui serpentait autour du jardin
et dont l’eau transparente
chantait entre des rives fleuries !


Nous avons fini par le trouver
dans le pavillon de l’amour
sur un sofa doré par le soleil !


Il était d’une beauté à peine à peine croyable !
Son bec avait la couleur
d’un sang juvénile
et son corps était bicolore,
bleu et blanc !


Son plumage était suave au toucher
comme de la soie de Chine !
Son parler, lui, était délicieux !
Il répétait les mots d’amour
prononcés naguère par d’autres amants !


Or, je n’avais jamais vu auparavant
un perroquet aussi beau
chez une jeune femme !


J’ai quitté la demoiselle vers le soir,
et en titubant,
et j’ai pour une dernière fois
traversé le jardin
sonore comme un jardin bouddhique
où la nature ne se tait jamais !


Rentré chez moi,
je me suis mis à penser
à ce qui m’était arrivé
dans la journée !


Puis, j’ai fait un rêve merveilleux :
j’ai vu une baie bengalaise
où nageaient mille déesses
semblables à des oiseaux de mer fantastiques
et vêtues de nues de printemps
d’où s’échappaient vers l’azur radieux
des mélodies d’amour
d’une beauté indicible !


LE PAVILLON DES AMANTS

RECUEIL INEDIT. DU 8 AU 13 FEVRIER 2009