Ambalikâ
Par une nuit embaumée de Mai
où ma détresse était telle
que des sanglots me secouaient tout entier
et que des larmes ruisselaient de mes yeux,
j’écoutai un rossignol
chanter de façon ineffable
et si belle qu’il semblait
que jamais un chant d’une telle force
ne s’était fait entendre
depuis plusieurs siècles !
Ô Puissance indicible de l’Amour !
Sous l’effet de ce chant de rossignol,
je me transportai mentalement
dans une ville du Sud
où, sous les grands manguiers en fleurs,
je m’imaginais me promener,
bras dessus, bras dessous,
avec Ambalikâ, ma Bien-Aimée,
la petite fleur de mon coeur,
le manguier de mon âme !
Puis, je rêvai intensément
au visage de cette Aimée,
plus magnifique que Hastinapoura
et à son corps plus beau que Pataliputra
et plus succulent que le pays tamoul
ou que Sri Lanka !
Et dans mon rêve,
ses prunelles étaient taillées
dans une fleur de frangipanier,
ses lèvres dans un lotus rose,
et ses seins dans les sarments
d’une vigne sauvage,
chargée de raisins rouges
et qui semblait la même
que celle qu’avait découverte
Shiva-Dionysos
dans les environs de Nysa,
il y a cela plus de cinq millénaires !
Son cou et sa croupe
semblaient découpés dans l’albâtre d’Egypte,
tant ces superbes parties de son corps
irradiaient une lumière pure,
une lumière céleste,
semblable à l’éclat du nectar
butiné par l’Abeille-Soleil !
Et ses joues divinement satinées
à force d’être lisses,
étaient auréolées
d’une volumineuse chevelure noire,
incrustée de nacre tonkinoise !
Depuis ce rêve,
je sais saluer la beauté,
immanquablement associée
à la personne d’Ambalikâ,
tant douée pour la tendresse !
L'ABEILLE-SOLEIL
RECUEIL INEDIT. DU 14 AU 19 FEVRIER 2009