Le Verger de l’Amour
L’on ne peut raisonner
sur ce qui est rare !
Je ne puis raisonner
sur ta beauté incomparable !
Je ne peux que m’enivrer d’elle,
qu’en délirer,
qu’en perdre la raison !
Or, le poète dit que partout
où l’Amour est passée,
les hommes ont perdu la raison !
Ô soeur des Apsaras
ou Nymphes hindoues,
je suis fier de toi,
comme un jardinier
qui serait fier du frangipanier en fleurs
de son jardin
ou comme un paon
qui s’enorgueillirait de son verger d’amour !
Ô toi qui ne peux t’endormir
que si au préalable
j’ effeuille sur notre couche
des roses, des oeillets et des jasmins,
rien qu’à te voir,
j’ai envie de crier de désir
et d’envoyer des baisers aux fleurs,
aux arbres, aux oiseaux,
aux papillons, aux abeilles
et aux nues !
Oui, rien qu’à t’apercevoir,
je me réjouis
comme après une fête en plein air
ou après un festin
où le vin a coulé en abondance !
Il me suffit d’une oeillade
décochée en direction de ta bouche vermeille
ou de ta croupe large,
pour qu’aussitôt je me sente
transporté dans un Bengale
du premier matin du monde,
voire sur les rives fleuries de la Yamuna,
où retentissent encore
les rires des bergères
amoureuses de Krishna,
le dieu du soleil !
Et quand tu viens vers moi,
tes dents semblables aux glaciers de Kara-Koroum,
étincellent comme des étendards
de soie blanche
brandis par les joyeux adeptes
de la lune !
Et les côtes de l’Éden
de se dessiner à l’Orient,
calmes et languides
comme les contours de ton corps
habité par le plaisir !
Car le sang du ciel
coule dans tes veines
hantées par l’amour !
SANG DE CIEL
RECUEIL INEDIT. DU 05 AU 10 MARS 2009