Le Serment Fatal
Les sages ont dit :
« L’Amour est un incendie
que l’eau de tous les fleuves
ne saurait éteindre ! »
À cette déclaration péremptoire,
on pourrait ajouter
qu’on ne saurait faire obstacle
à cet incendie allumé par Éros,
en lui opposant l’eau des lacs,
des mers et des océans !
Car tout cela n’est vanité,
que néant,
comparé à la prodigieuse puissance
de l’érotisme
qui est un torrent
emportant toutes les digues
et toutes les fortifications !
Oui, l’Amour est à la fois
le Feu qui réchauffe
et qui brûle,
et l’Eau qui rafraîchit
et qui renverse !
Ô plus puissante que Rata,
la déesse Volupté,
si tu te lasses de moi,
alors je me mutilerai,
sans un cri de souffrance,
ou je mettrai stoïquement
mon auriculaire au feu
jusqu’à ce qu’il en soit calciné,
ou je fumerai cigarette sur cigarette,
jusqu’à ce que mes doigts
en soient roussis !
Or, voici ce que m’a répondu
celle que depuis toujours je célèbre,
un jour où je lui ait fait l’aveu
de mes craintes
relativement à sa constance en amour :
« Par ce crépuscule du matin
qui commence,
par ce rossignol qui chante,
par ces roses qui embaument,
je jure que je ne te quitterai
que s’il est dit
que le printemps ne reviendra plus ! »
« Et par mon sang menstruel
qui dulcifie ta vie
en accroissant ma beauté
et en rendant plus noires mes prunelles
et plus nostalgiques les notes du luth,
je jure que s’il est dit
que la saison heureuse des fleurs
ne réapparaîtra plus sur la terre,
je te quitterai sans un mot d’excuse,
sans une larme,
sans un soupir ! »
« Que cette lune,
ce luth
et cette guitare
soient témoins de ce serment fatal ! »
SANG DE CIEL
RECUEIL INEDIT. DU 05 AU 10 MARS 2009