Le Coursier Conquérant


Que tu es belle,
ô bécassine mienne,
ô ma gaie bergeronnette !


Le tranchant couteau
de ta noire chevelure
me coupe l’haleine
et me fait tenir en haute estime
ta grande endurance en amour !


J’attends dans la nuit sans lune
que se lève le bellissime jour
de ta face qui fait
se pâmer les orchidées
et fleurir l’arc-en-ciel !


Et moi de caresser tes seins
poudrés du pollen
du rosier qui parfume notre jardin,
tout en baisant tes lèvres
fraîchement maquillées
et tes magnifiques paupières,
bleuies savamment
de suc de prune sauvage !


Et je me penche sur la terre
afin de faire tinter
de mes doigts qui s’y connaissent
les clochettes d’or
de tes chevilles roses !


Les battements précipités de ton coeur
font s’envoler
les rangs de perles orientales
qui adornent ta gorge d’argent,
cependant que ton si ferme
et si épanoui fessier
fait ressortir à merveille
la nature évidente
de ton irrésistible séduction,
ô plus fascinante
que l’océan Indien lui-même
ou que l’île de Madagascar !


Or, avec tes yeux languissants
et humides d’amour,
c’est le noir coursier
de ta chevelure lisse et luisante
qui me séduit le plus en toi,
oui, ce noir coursier
que fièrement tu montes,
pareille à Parvati,
la femme de ce Shiva
qui, en détruisant l’univers,
le renouvelle !


À l’image de ce couple divin,
tu es une Eau qui ruine,
mais aussi qui rafraîchit
en rénovant !


SANG DE LUTH

RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 18 MARS 2009