À Baladiva
Ô cygne mangeur de nénuphars,
ô blanc héron nourri d’étoiles,
ô flamant rose,
mangeur de feu !
Ah ! Mourir en caressant tes seins,
ce couple de blancs pigeons,
ces balcons de marbre,
ces autels d’albâtre,
ces larariums mystiques,
ces caravansérails de mousseline,
ces châteaux de satin,
ces palanquins de perles,
ces carrosses d’argent,
ces colombes passionnées,
ces tourterelles d’amour !
Ah ! Respirer ta chevelure nocturne
qui embaume la rose, l’oeillet,
l’anémone, le jasmin,
la fleur de manguier,
la fleur de frangipanier,
l’ananas et le limon,
la banane et la mangue !
Ô petite Indienne, mon amour !
Ah ! Contempler ta hanche,
cet arc qui en une seconde
décoche cent flèches assassines,
ou cette abeille
dont l’aiguillon rend fou !
Ah ! Poser mille baisers fous
sur tes flancs chéris,
puis t’aimer jusqu’à la fin de la nuit !
Ô nuit d’amour
où ma Bien-Aimée
repose sur ma poitrine,
reste, ne fuis pas !
Dure, oui, dure
jusqu’à ce que nous buvions le nectar
dans cette coupe parfumée
que nous avons reçue
des mains des déesses de la Fortune !
Par ces merveilleuses nues
qui passent dans le ciel du couchant,
je jure, ô ma petite, ma douce Indienne,
oui, je jure que je t’aimerai
tant que les pruniers fleuriront
au commencement du printemps
et tant que les pêchers en fleurs
parfumeront la terre
que nous foulons !
SANG DE LUTH
RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 18 MARS 2009