L’Île-Femme


De même que les étoiles
daignent se mirer dans la mer,
de même toi, ô étoile singulière,
oui, toi, tu as daigné agréer mes hommages
et tu as poussé la mansuétude
jusqu’à m’accorder
le droit de t’aimer passionnément !


Et de même que le vent
épanouit un pavot qui tardait à fleurir,
de même moi, j’ai épanoui ton âme
et j’ai irrigué de semence ta matrice,
de lait tes seins,
de miel ton cerveau,
domicile de ton âme,
de sang ton coeur,
de graisse ta hanche,
de laque rouge la plante de tes pieds
et les paumes de tes mains,
de rouge carmin tes ongles
et tes orteils
et d’huile de lotus
ta plateresque coiffure
où brillait le Chien de Juillet,
quand tu répandais tes cheveux
sur l’oreiller de ma tendresse !


En ce jour anniversaire
de notre rencontre,
je rêve aux barques enguirlandées de glycines
qui sillonnent à la Fête des Lotus
les rivières de l’Inde
et seuls les liens du rêve
me retiennent de pleurer !


Mais pourquoi pleurerais-je,
puisque au retour du printemps
tes joues fleuriront
pour la seconde fois
et tu porteras à nouveau
à la déesse
une offrande de fleurs et de gâteaux
et tu lui demanderas
de bénir nos retrouvailles
si ardemment espérées !


Car tu es comme une île
perdue dans l’océan indien
et à laquelle j’aspire
de toute ma force érotique !


SANG DE LUTH

RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 18 MARS 2009