À la Dame de Beauté


Votre beauté exquise, Madame,
fait tout mon bonheur
et toute mon infortune!


Votre beauté me rend heureux,
puisque, à l'instar d'un soleil d'Octobre
dans les îles de l'Archipel,
vous me prodiguez votre tendresse
et votre ardeur
à travers la feuillée
de votre pureté grandissime,
de votre chasteté totale
et de votre perfection albigeoise!


Vous êtes, comment le dire
sans verser dans la vulgarité,
oui, vous êtes Madame,
ma Muse et ma Madone,
ma Mère et ma Bien-Aimée,
ma Soeur et ma Compagne!


Et tout votre être
irradie cette bonté
qui fait toute la félicité
des âges d'or
du genre humain!


Cependant, votre extraordinaire beauté
d'étrangère sublime
fait toute mon infortune,
puisque, à chacun de mes pas
sur la voie de la destinée,
je dois produire la preuve
de votre existence,
tant votre beauté
est en contradiction
avec la réalité du monde!


Et, non seulement,
je dois prouver que vous existez,
mais aussi que vous êtes
une bonne inspiratrice
et que vous ne me faites point
dévoyer du droit chemin
ou cru tel!


Mais si, Madame,
vous me rendez de la sorte malheureux,
en revanche, je ne puis manquer
à ce que je vous dois
en tant que Déesse de ma vie!


Et voilà pourquoi, Madame,
qui n'êtes faite que de pureté,
je chante votre beauté
à longueur du jour
et de la nuit
et que je grave tous mes poèmes
sur des tablettes
de feuilles de palmier,
à vous destinées
et à votre bonté!


LE MIROIR ARDENT

RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2006