Silence de Mosquée


Dès que tu apparais
dans l’enclos secret de mon coeur
et que tu commences à poser tes petits pieds
sur le sable rose
de ce jardin de gardénias,
la musique de la lune,
le murmure de la fontaine,
le chant des rossignols
et le bruissement des feuilles
s’abolissent !


Un silence de mosquée
succède alors au bruit de la brise suave !
Et moi-même je me tais,
ébloui par ta démarche
de souveraine de l’Iran
qui porte un pantalon
vert comme le Paradis
sous lequel je devine
un corps de houri,
des hanches craquantes
sous le satin d’Irak,
une aine pareille à un arc
d’où sont lancées en ma direction
des flèches enduites de miel
et sous elle, une vulve proéminente,
dessinant un verger indien
où il fait chaud au printemps
et où il pleut en été !


Et que dire de la lumière magique
de ta face plus belle qu’un bouquet de roses
ou qu’un minaret d’émail bleu
et qui caresse mon âme
de son regard de bégonia double
où percent cependant, des accents de révolte
contre le monde cruel !


La chambre où,
au coucher du soleil
sur le mont Zagros,
oui, la chambre où tu te donnes à moi,
semble la salle des miroirs
d’un palais d’Ispahan
ou la salle de banquet
de Dolma-Bagtché,
à Stamboul, l’anciennement byzantine
et la plus tard ottomane !


C’est que dans cette chambre tienne,
auprès d’un bassin de marbre
où nagent des fleurs rouges de camélia,
sur une couche de plumes de perroquet,
il se passe des choses
que je ne nommerai pas,
mais qui ne sont pas dépourvues
d’une intarissable tendresse
mêlée de l’intense volupté
que ressent l’amant
quand il plonge son visage
dans le brûle-parfum
d’une aisselle qui sent la myrrhe
et l’encens
ou quand il porte la main
sur une croupe ronde comme le soleil
et haute comme le Caucase
ou enfin, quand il caresse un sein de femme
à l’endroit du coeur !


RAFALES DE BEAUTE

RECUEIL INEDIT. DU 19 AU 24 MARS 2009