Vin de Carmanie


Je passe le plus clair de mon temps
à regarder mûrir les fruits,
voler les abeilles
et marcher ma Bien-Aimée
qui, dans un monde de misère,
croule sous les trésors inouïs
que sont les fruits savoureux
de son corps printanier :
sa croupe pareille à une pastèque
qui se vautre dans l’herbe,
ses seins souples et fermes
comme des mangues indiennes,
ses jambes à la succulence
de bananes du Siam,
ses cuisses semblables à des melons
brûlés de soleil,
ses joues semblables à la pulpe des poires
et sa nuque parfumée
ainsi qu’une délicate pêche blanche !


Mais ses plus précieuses richesses
sont les mirabelles de ses lèvres,
les cerises sauvages de ses yeux,
la framboise de son bel anus,
la figue de sa belle vulve,
les rameaux roses de ses mains,
chargées des myrtilles de ses ongles,
et enfin, les arbustes de ses pieds
dont les orteils sont des fraises de Mai !


L’oeil noyé, la tête bourdonnante,
je regarde ses hanches idéales
onduler au rythme de sa marche
et cela me donne le vertige
d’un pèlerin parvenu à une inaccessible cime
d’où il voit s’étaler à ses pieds
la cité sainte, but de son voyage
voué à l’exploration
des merveilles terrestres
du Seigneur des êtres !


Et, tremblant d’émotion,
je caresse avec amour
les fruits de son corps
comme les cordes d’une harpe
ou d’une guitare !


Revenu à des sentiments
plus raisonnables ou plus terre à terre,
je regarde à nouveau
voler les abeilles,
comme si le miel
qu’elles cueillent
est le même que le miel
que ma Bien-Aimée m’a prodigué
lors de ma dernière visite
à la Ruche industrieuse
dont elle est
l’incontestable Reine !


Mais, de toutes les parties de son corps,
celle qui retient le plus mon attention,
c’est son ventre
qui est comme une grande bouteille de Gomroûn
contenant le vin de Carmanie
de son âme : le sang de ses veines,
ce sang qui me retient en vie
ainsi qu’une espérance rouge
et verte !


RAFALES DE BEAUTE

RECUEIL INEDIT. DU 19 AU 24 MARS 2009