Rafale de Beauté


Quand tu m’ouvres ta robe
de haut en bas,
apparaissant à mes yeux éblouis
toute nue sous la cascade smaragdine
de ta longue chevelure,
je te contemple le coeur contracté
et le souffle court,
comme si tu étais une rafale de beauté,
oui, comme si tu étais le golfe Persique
aperçu par un aigle
qui vole par-delà les nues
ou le Tigre moiré de lune,
vu du parapet d’un des ponts magnifiques
qui à Bagdad enjambent ce fleuve
ou enfin, le Zenderoud,
la rivière d’Ispahan
aux rives fleuries de roses !


Cependant, je ne parviens
au comble de la félicité
que quand j’entends ta voix,
plus mélodieuse que toutes les flûtes
et plus harmonieuse que toutes les harpes,
oui, plus musicale que la harpe de David
et que la flûte d’Hermès !


Alors, tu me fais entrer en délire
en rendant audibles,
à dix lieues à la ronde,
les battements de mon coeur
et le fracas de mon sang
dans mes tempes !


Après avoir entendu ta voix,
je ne désire plus écouter
aucune autre musique,
et même le murmure du jet d’eau
de mon patio
ou le chant des rossignols
me paraissent barbares
comparés aux modulations de ta voix,
quand tu chantes sur ta terrasse,
à la lueur des étoiles,
ou même quand tu ne fais que converser
à la lumière des flambeaux !


Ô ma rose de Fars,
ô mon jasmin d’Irak,
de grâce, fais-moi mourir d’amour,
car je ne veux pas
que la quotidienneté vienne après
profaner les quelques instants
passés auprès de toi,
semblables à des éclairs
dans un ciel de Juillet !


Or, la marche même des flamants roses
à fleur d’eau
est le chant de la joie
que tu me prodigues,
quand tu roules tes belles hanches,
et le bruissement des platanes
au mois de Mai
la soyeuse résonance
de tes caresses sur ma poitrine
et sur mon ventre !


RAFALES DE BEAUTE

RECUEIL INEDIT. DU 19 AU 24 MARS 2009