La Femme-Étendard


De par ton regard soyeux,
filtré par tes longs cils,
de par tes bras,
pareils à l’Euphrate,
de par l’immensité ronde de ta croupe,
tu es la gloire de la Porte d’Email
à Ispahan l’Impériale,
fille de la plus parfumée
des oasis
et qui présida pendant longtemps
aux destinées du plus fameux
des royaumes de ce monde !


Quand je te vois,
je prononce les noms
de Bilkis et de Leila,
tant tu me rappelles la Reine de Saba
par le parfum de tes cheveux,
tes bagues et tes colliers,
mais aussi la brune Bien-Aimée de Madjnoun,
bien que cette dernière
eût des cils moins longs
que les tiens
et des prunelles moins sombres
que les tiennes !


Or, tu es plus noire
que la Sulamite
tant aimée de Salomon
et comme elle
tu portes sur les yeux
le sceau du Roi des Rois,
et comme ses paumes à elle,
tes paumes, mais aussi la plante de tes pieds,
sont teintes de laque rouge
des Indes
et ta jupe est en satin
teint de garance de Ghouzel Issar !


Tu es de la sorte
l’étendard rouge et noir de l’amour,
cet étendard célébré par Stendhal
et que j’ai le dessein
de faire flotter un jour
sur les remparts de Samarcande,
de Bokhara, de Chiraz
et d’Ispahan,
quand les troupes royales de l’érotisme
auront écrasé l’armée des ténèbres
conduite par l’Efrit de l’Abysse
que les houris chères aux sages
dédaignent !


GATEAUX DE MIEL ET DE HASCHICH

RECUEIL INEDIT. DU 25 AU 31 MARS 2009