Ode à l’Opulente Marie


Même les trésors du Manahar
et même les richesses
qu’Ali-Baba avait accumulées
dans sa grotte,
ne suffisent pas à rendre compte
de l’opulence de ta croupe
dorée par la lumière
d’un midi éternel
et de tes seins
parfumés de pleine lune de Juillet !


Et que dire de tes bras
auxquels même le Pactole de Crésus
est inférieur
et que dire aussi de tes cuisses
semblables aux colonnes
d’un temple gréco-syriaque
datant des Séleucides ?


Et comment pourrait-on,
ne serait-ce qu’oser décrire tes jambes
de Reine du Ciel
et ton ombilic, cet éclat de comète,
sans avoir jamais vu,
sans avoir jamais regardé le soleil
émerger des plages orientales
ou plonger son char,
attelé de sept alezanes,
dans l’océan occidental ?


En effet, comment faire connaître
à la gent incrédule
qui peuple nos métropoles
bâties en l’honneur de Moloch,
oui, comment communiquer
aux foules qui hantent
nos prométhéennes cités,
l’immense, l’infinie sensation
d’effrayante beauté
causée au trouvère
par le galbe plus que parfait
de tes fesses semblables aux coupoles
de Sainte-Sophie de Constantinople
ou de la Grande Mosquée de Bagdad ?


Quand je t’ai vue pour la première fois,
je t’ai aussitôt reconnue :
tu n’étais autre
que la Myriam des Juifs,
la Mariam des Musulmans,
la Marie des Chrétiens !


Pendant des siècles,
les nations se sont entredéchirées
pour toi,
et j’ai moi-même plusieurs fois
crié ton nom
dans le tumulte des batailles
que mon esprit a livrées
à l’Ennemi venu des ténèbres,
voire à la Mort
qui, sous le masque de la Folie
trop souvent vient menacer
les bardes celtes,
les vates latins
et les aèdes grecs !


Car ton ineffable beauté
te rend l’égale des vierges du Gouriel,
des souveraines de Sumer
et des Caryatides de l’Acropole,
à Athènes la Bleue !


GATEAUX DE MIEL ET DE HASCHICH

RECUEIL INEDIT. DU 25 AU 31 MARS 2009