Hymne à la Marquise Aimée
Je vous ai tant d'obligation,
Madame,
pour cette insigne et majestueuse beauté
qui est la vôtre
et pour cette amour
si pure et si ardente
que vous semblez nourrir à mon égard,
qu'à peine m'éloigné-je
de votre vue
qu'aussitôt je me sens atteint
d'un grave dommage moral
suivi d'une insoutenable affliction!
Or, telle est l'attraction
que votre âme, Madame,
exerce sur la mienne,
et si doux le baume
que versent sur mon coeur las
vos appas,
que je ne vous ai pas
plutôt vue paraître à mon regard
pour la première fois
que je me suis épris de vous,
tant et si fort
que je me suis fait violence
afin de ne pas vous en faire l'aveu
dès le premier instant
où nous liâmes connaissance!
Sans doute vous a-t-on déjà dit
que votre corps est
une torche allumée au foyer
de votre vie incandescente
et que votre figure est
plus douce que le soleil d'Octobre
en Sicile ou en Hellade!
Mais, sans doute aussi,
ne vous a-t-on jamais dit
que votre hanche est une montgolfière
qui s'élance dans l'azur supérieur,
entourée d'Océanides, de Tritons
et de poissons venus du fin fond
de la mer
et qui se balance la nuit
parmi les étoiles
les plus belles
et qui le jour s'élève
vers le soleil
en jetant le sable
de son lest!
Et comment ne pas parler
de votre sein suave
qu'en le comparant
au moût de Septembre
dont le parfum
emporte la raison
ou, tout au moins, la pousse
à ses derniers retranchements
face au plaisir galopant!
Voilà la clé
de cette énigme
qu'est mon attachement passionné
à votre coeur enfiévré
et cette haute considération
dans laquelle je tiens
votre si courtoise personne
et dont témoigne cette lettre-poème!
Veuillez donc, Madame,
agréer cet hymne
comme un pur témoignage
de ma joie
de vous savoir si proche de moi,
et si à l'aise
au sein de mon rêve
le plus stable
et le plus constant!
LE MIROIR ARDENT
RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2006