La Palanquinière d’Ispahan


Ô belle palanquinière isfahanie,
ton corps de blanche gazelle
a des appas nombreux
comme les dattes d’un rameau de palmier
et qui font délirer les amants
les plus ardents !


Ton haleine rappelle l’aquilon
qui en hiver ramène le soleil
en chassant les nues
et qui en été tempère la grande chaleur !


Tes dents brillent
comme des fleurs blanches
dans le désert
ou comme des jasmins
dans les jardins de l’Inde !


Et elles sont humectées
d’une eau plus fraîche
que l’eau d’une cascade
et qui sent le musc de Chine !


Ta langue est une rose vermeille
et son goût est délicieux,
quand je te baise sur la bouche !


Tes gencives sont pourpres
comme des camélias rouges
et les toucher,
c’est aller au Paradis des hommes pieux,
ceux qui croient en le Seigneur
et en ses merveilles !


Ton front dissipe les ténèbres
de ta noire chevelure
encadrant ta face,
comme la lampe d’un auteur
dissipe les ténèbres de la nuit,
car celui-ci est le seul qui veille,
parmi tant de dormeurs
et de dormeuses !


Ton visage pétri de mes caresses
et de mes baisers
est poli comme un miroir de Nichapour !


Et tes brunes prunelles
sont des lucarnes colorées
qui donnent sur le verger fécond
de ta gorge opulente
haletante de désir,
oui, haletante de ton désir
de te faire aimer !


Ton regard évoque
le regard qu’adresse une biche de Taudih
à son faon !


Et, quand tu m’enlaces,
tes doigts sont plus délicats
que des fleurs de poirier
ou que des papillons de nuit
aux ailes rouges !


Ô ma petite fleur du loisir,
tu es de ces femmes
qui sommeillent longtemps
après le lever du soleil,
oui, de ces dames douces
qui peuvent se livrer au repos
et qui n’ont pas d’enfants
qui pourraient les priver
des soins dont elles entourent
leur beauté !


Or, je suis un amant hors du commun
et il m’est impossible d’oublier,
ou de mettre entre parenthèses,
cette amour que tu me prodigues
à pleines mains
et cette mienne passion
dont tu es la cause !


LA SULTANE DU MIDI

RECUEIL INEDIT. DU 1ER AU 07 AVRIL 2009