La Belle aux Pieds d’Impératrice
Ô Cheicka aux longs cils
et aux paupières célestielles,
tes prunelles sont des canons de fusils ottomans
ou des lames fraîches de Tolède
ou des épées indiennes
qui me coupent l’haleine
en arrêtant ma respiration !
Ta croupe me meurtrit le cerveau
et les entrailles
et ton sein me brûle le coeur !
Tes jambes sont des sabres
fabriqués au Yémen
par des artisans traditionnels
et tes cuisses forment le portail
du temple de Louksor
par où le fidèle entre
dans l’aire céleste
de ta vulve divine,
de ton pubis embrasé
et de ton ombilic d’ivoire !
Tes lèvres insultent le rubis
et humilient la framboise confite,
cependant que l’eau de ta bouche est
un puissant remède à ma maladie
consistant à me sentir malheureux
ou sans valeur !
Ton opulente chevelure est un palmier
riche en dattes
qui sont tes tresses touffues
descendant jusqu’à tes orteils,
oui, tes tresses sont plus touffues
qu’un poème épique hindou
comme le Ramayana !
Mais ton nez est
une lettre de l’alphabet arabe,
oui, une lettre dessinée
par le calligraphe officiel
du Calife de Bagdad !
Tes dents, blanches comme des aubépines,
sont plus régulières que les dents du dragon
que Jason , sur le conseil de Médée,
planta dans le champ
du Roi Aétès,
le Fils du Soleil !
Tes bras sont fournis,
ainsi qu’il sied à une beauté du Sud,
sans pour autant être grassouillets,
et tes épaules sont bellement rondes,
come il convient à une jeune femme
qui veut plaire aux hommes !
Tes joues sont écarlates
comme des anémones rouges
ou des coquelicots d’Avril
ou des roses de Mai !
Tes fines oreilles sont
des sceaux royaux
sur un parchemin palatial
et l’ovale de ton visage
évoque une fée lusitaine
ou un portrait de Fayoum !
Ta nuque est plus tendre
que la nuque d’une agnelle nouveau-née !
Et tes pieds sont plus petits
que les pieds de la dernière
impératrice de Chine !
Et ton cou est pareil
au cimier d’un chevalier persan
ou à un étendard de cavalerie arabe !
J’admire tes ongles
que les abeilles prennent
pour des pétales de fleurs rouges
de camélia ,
et tes sourcils,
semblables aux lignes d’un horizon
pur de nuages
ou à des rameaux de peuplier
sur le point de verdir !
Et je baise tes mains,
délicates comme un rêve de Saadi,
et je t’invite à passer
la nuit prochaine
dans ma maison,
sise au bord d’un ruisseau,
et où je te pénétrerai à coeur joie,
cependant que le rossignol chantera !
LA SULTANE DU MIDI
RECUEIL INEDIT. DU 1ER AU 07 AVRIL 2009