L’Ennemie Aimée
Umar Ibn Rabia Al Makhzûmi,
poète de la Mecque,
disait : seuls sont valables en amour
l’émoi et l’émerveillement ! »
Or, justement, je m’apprête présentement
à chanter mon émoi
devant les mille grâces
de ton âme
et mon émerveillement
devant les innombrables beautés
de ton corps !
Ô plus belle
qu’une rose sous la rosée
et plus splendide qu’une matinée de Mai,
le soleil couchant
sur Marrakech
emprunte sa majesté, sa grandeur,
sa sensualité et ses couleurs flamboyantes
à ta croupe royale,
pareille au cul d’une blanche pouliche
de race semi-divine
ou à la culasse d’un canon turc
qui a reçu la patine du temps
et où est gravé ce verset du Coran :
« J’ai créé, pour vous autres mortels,
toutes les merveilles
qui sont sur la terre ! »
Ô bel animal
que j’ai pris un jour
où je chassais l’antilope
dans la steppe,
tu es devenue l’antilope de ma vie
avec tes cheveux flottants
et tes courbes ondoyantes,
avec la soie de ton ventre
et le brocart de tes épaules rondes
sous lesquelles on a peine à deviner
les os !
Pour moi
comme pour toi,
l’amour n’est pas une galéjade,
mais une affaire de la plus haute gravité
où l’on marche comme à une bataille :
Tes yeux ne m’assassinent-ils pas ?
Et ta hanche, ne me tue-t-elle pas ?
Pourtant, à la différence de la guerre
où l’on hait l’ennemi,
j’aime et j’adore celle qui me blesse,
voire qui me tue !
Ô mon vert micocouli
et ma tulipe rouge,
mon myrte et mon vin doux,
mon miel de thym et mon sucre,
que je t’écoute chanter
et que je meure !
LA SULTANE DU MIDI
RECUEIL INEDIT. DU 1ER AU 07 AVRIL 2009