Le Luth Adoré


Ô habitants de cette cité
où je vis solitaire comme Jonas
et infortuné comme Adam,
jetez du bois odorant
dans le feu qui me consume
pour ma Bien-Aimée,
étoile de mes désirs
et météore de mes pensées !


C’est le même feu
que le feu qui prépare l’éclosion des tulipes
dans les serres hollandaises
ou qui assure la maturation des bananes
dans les mûrisseries d’Europe !


Car ses yeux noirs de gazelle sont
une bruine d’Avril
sur un champ de marguerites,
tant la douceur qui émane d’eux
est grande, bien que discrète
et suggestive de la noblesse
d’une princesse !


Cependant, ce que j’aime avant tout en elle,
c’est sa croupe prodigieuse,
ambrée et artistement,
voire divinement galbée,
plus somptueuse que le palais d’été
des empereurs de Chine
ou que le trésor d’Ali Baba
ou que l’Ispahan de Shah Abbas,
avec ses avenues grandioses
et ses dômes d’émail bleu !


Jamais je n’ai vu
une croupe aussi belle,
aussi ronde et aussi fournie,
tant et si bien qu’on peut la comparer
au luth qui accompagne
la musique ineffable
de la voix de cristal
de mon Adorée !


Boire l’ivresse à une coupe pareille,
c’est vouloir ne jamais
s’arrêter d’y boire !


LA SULTANE DU MIDI

RECUEIL INEDIT. DU 1ER AU 07 AVRIL 2009