Ode à la plus Princière des Filles
Allons, ô fille
née de quelque rêve de prince,
allons nous promener
aux jardins de Polycrate
dans Samos la Sainte
où les automnes sont doux
comme le miel attique
et comme le sucre candi!
Allons par les allées ombreuses,
asseyons-nous sur un siège de gazon
et contemplons pendant un long moment
l'un les prunelles de l'autre!
Et je verrai dans vos grands yeux,
ô noble demoiselle,
la lune et les étoiles,
comme si elles étaient peintes
sur la poupe d'une galiote dorée,
où des dames de qualité
en grand nombre,
et l'une plus magnifique
et plus belle que l'autre,
se trouveraient
et où, cependant, je n'aurais d'yeux
que pour vous!
Car vous êtes,
ô seigneuresse chère à mon coeur,
vous êtes mon étoile du Berger,
mon astre du soir
et du matin,
ma Grande Ourse, mon Chien
et mes Pléiades!
Oui, vous m'êtes bien plus chère
que la couronne de l'empereur
et que la tiare du Pape!
Et je vous place plus haut
dans la hiérarchie des entités
que les Ecritures
ou que le Coran
ou que la Zend Avesta
et que les Védas!
Car, il y a plus de grâce spontanée,
plus de naturel
et, en même temps, plus d'art
en votre merveilleuse personne
que dans le poème du Ramayana
ou que dans les poésies de Sapho
et que dans les chansons d'Arion!
En un mot, vous êtes un très somptueux palais
surgi de l'âge d'or
et illuminé par le lustre
aux cent mille cierges allumés
de votre âme
sublimée par la plus spirituelle galanterie!
L'EMBARQUEMENT POUR CYTHERE
RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2006