La Belle Caucasienne
Quand je te vois marcher
par un matin de Mai,
je te compare, en mon âme,
à un jet d’eau
surgissant d’un bassin d’albâtre transparent
ou à une source du Liban
jaillissant de la roche
et dont l’eau je bois
dans le creux de ma main,
en me rapprochant de sa bouche !
Ta sombre chevelure est
si longue, si riche et si massive,
qu’elle touche tes bracelets de cheville !
Et que dire de tes grands yeux noirs,
naturellement allongés,
et de ta croupe bénie,
parfaitement ronde
de tous les côtés sans exception,
et qui est le but des voeux de bonne santé
et de tous les désirs sensuels !
Et ta face, ô coeur de mon coeur,
être de mon esprit
et lumière de ma naissance,
oui, ta face est plus bouleversante
qu’un lever de pleine lune
dans le ciel de Juillet
ou qu’un coucher de soleil langoureux
à Marrakech,
ou qu’un lever de soleil somptueux
à Ispahan, capitale des roses roses,
ou enfin, que la porte d’Ishtar
à Babylone la Verte
et la Parfumée !
Ô belle Caucasienne,
ou Arménienne ou Géorgienne
ou Persane,
je voudrais être présent
quand tu te baignes
et que tu te parfumes
et que tu te coiffes
et que tu t’habilles !
Ah ! Jamais je ne me lasse
des délices que sans cesse
je découvre en toi !
Or, j’approuve les Hindous
qui affirment la vertu du renoncement !
En effet, j’ai renoncé à tous les biens
de ce monde
et y compris au boire et au manger,
pour ne garder que le Bien Souverain
qui, à en croire Aristippe de Cyrène,
n’est autre que la volupté !
Et c’est là l’explication
de mon attachement à toi
qui es ma plus belle réussite
dans cette vallée de larmes
qu’est l’existence de tous les êtres terrestres
sans exception !
L'IMPERATRICE DE LA LUNE
RECUEIL INEDIT. DU 02 AU 10 MAI 2009