La Fête de mes Yeux


Ô fête de mes yeux,
ô vie de mon âme,
ô savane de mon esprit,
ô ma Reine, ô ma Souveraine,
salut !


Que sur toi pleuvent les bénédictions,
que Dieu t’accorde une longue jeunesse,
suivie d’une maturité opulente,
et que des nuits enchanteresses
précèdent tes jours
les plus heureux !


Par une nuit de Mai
tu vins à moi,
vêtue de tes seuls cheveux,
comme un amandier
qui se présente à nos regards enamourés,
paré de ses seules fleurs !


Et les pointes de tes mammes
étaient des roses rouges
que tu mettais en avant,
cependant que tu venais à moi !


J’ai pu alors admirer
ta nuque de gazelle,
tes prunelles d’ânesse
et ta taille fine
comme un petit pois !


Ta chevelure était une nuit
profonde, lactescente et jasminée d’Alexandrie
au mois de Juillet !


Et ton cou était une colonnette
d’albâtre égyptien
et tes cuisses étaient à la fois
fermes et élastiques
comme des oreillers de plumes d’autruche,
et, à leur sommet, on voyait
la coupole de cristal d’un palace,
parfaitement ronde de partout,
ou quelque chose comme une tasse d’argent
reposant renversée
et qui était ta vulve de gloire,
cette icône de ton temps
de bruit et de fureur,
plus célèbre désormais que Gengis Khan
ou que Tamerlan et Napoléon réunis,
car elle est une icône de paix !


En cette nuit mémorable
à laquelle je me réfère
et où, pour la première fois,
j’ai découvert ton étonnante beauté,
tu sautillais comme une enfant
pleine de charme
et tu dansais comme une bayadère
de temple hindou,
portant autour de sa taille nue
une ceinture de brocart
et couronnée du diadème
d’un empire dont on ne voyait pas les limites,
car celles-ci voyageaient
parmi les nuées du ciel
et du rêve !


L'IMPERATRICE DE LA LUNE

RECUEIL INEDIT. DU 02 AU 10 MAI 2009