Héloïse et Abélard
Heureux celui qui fut aimé
d'une femme d'esprit,
car il connut toute la suavité,
toute la délicatesse
et toute la finesse de cette passion
qu'on appelle l'amour
et dont la profondeur est telle
qu'elle peut atteindre
le coeur et le cerveau de l'univers,
l'Être lui-même
et qu'elle peut bouleverser
jusqu'à l'Âme du Monde!
En effet, l'amour est une singulière passion
qu'on ne saurait que trop recommander
à toute personne
qui prend intérêt à la genèse
de l'illumination intellectuelle
chez l'homme et la femme mystiques
et qui s'associe aux aléas
de la vie de l'artiste,
souvent malheureux
de n'avoir pas fait
sur cette terre hasardeuse
la rencontre qui aurait dû
le marquer à jamais
du signe d'une félicité extraordinaire,
pareille à un coucher de lune
en Juillet,
où dix mille rossignols chantent à l'unisson!
Or, le bonheur d'un homme ordinaire
et d'une femme du commun
ne concerne qu'eux-mêmes,
mais de la félicité du sage
dépend toute la destinée
de l'Oecumène!
Heureux fut, donc, Pierre Abélard
d'avoir été aimé d'Héloïse,
malgré les souffrances inouïes
infligées à lui
par la foule odieuse
des vilains illettrés
qui allèrent même
jusqu'à lapider
ce couple élu de Dieu
et dont l'existence
fut le principal bienfait
du Moyen Âge!
L'EMBARQUEMENT POUR CYTHERE
RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2006