Bouche-de-Corail
Ô ma bellissime houri,
mon perroquet d’Inde
au bec et aux pattes de rubis,
je mets ma main sur la tête,
indiquant par là
que je suis prêt à être décapité
si je ne parviens pas
à satisfaire ton moindre désir
ou le plus absurde de tes caprices,
consistant, par exemple, à exiger
que je t’apporte sur un plateau d’or
tes bagues aux chatons salomoniques
ou tes bracelets de cheville,
gravés de figures d’oiseaux
et de poissons,
de merles et de dorades roses !
Écoute, ô Bouche-de-Corail,
plus fraîche que le zéphyr
ou que le sorbet à la pastèque,
oui, écoute le jet d’eau
qui chante dans le patio
à cette heure méridienne
où tout se tait
et où, seule entre toutes les brunes fauvettes,
tu célèbres la beauté de notre amour,
pareille au collier de rouges amarantes
que tu portes sur ta gorge de tourterelle
réincarnée en un cygne volant
qui danserait dans l’air calme,
comme une bayadère du Sud de l’Inde
et qui serait vêtue des seules flammes
de son désir
porté sur des ailes de soie !
L'EMPIRE DE NARD
RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 18 MAI 2009