Le Soleil de la Palingénésie


Ô grenade mienne
à la peau fine et polie,
à la vulve pareille à une mine de rubis
et aux seins de manne biblique,
quand je te contemple,
je reçois de toi une leçon de beauté
qui se grave dans ma mémoire
et, quand je te mange,
je guéris de la mélancolie
et de tous les autres maux,
si nombreux en ce siècle roturier !


Ô figue mienne,
blanche comme une vierge grecque,
ton sang est un mélange de miel et de soleil
et ta chair a un goût
de porte du paradis
ou de fontaine de l’Éden !


Ô ma poire d’Ionie ou de Syrie,
quand je te mange,
tu fonds dans ma bouche,
tant tu es exquise
et sans dureté aucune,
chose si rare en ce siècle de cruauté subtile
et de perpétuel supplice !


Ô mon beau jujubier,
comme je me plais à ton ombre,
par ce siècle où le soleil de l’injustice
et du martyre
ratatine la peau des jeunes gens,
et comme tes fruits sont rouges,
à force de rouler dans le sang
de Marie la Théotokos
ou Mère de Dieu !


Ô mon orange de Chypre ou de Palestine,
tu n’es pas pareille au soleil noir
de notre siècle,
mais à un éclatant soleil de palingénésie
qui brûle à l’extérieur,
mais qui sous sa peau,
conserve une étonnante fraîcheur
de neige du Caucase ou de Zagros !


Ô doux limons de ma Bien-Aimée,
vous répandez autour de vous
le musc d’un âge d’or
à jamais révolu !


L'EMPIRE DE NARD

RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 18 MAI 2009