Hymne à la Dame de Volupté


Votre cou, ô dame de volupté,
évoque par sa forme
ce promontoire d'Eubée
qu'on appelle le cap Cénéen,
aux deux rives
battues des flots
comme les parois de votre cou
sont battues des flots de pourpre
et de dentelle
de votre robe plus précieuse
que le plus pur soleil
qui ait jamais brillé
sur notre cité aux cent portes
et plus fastueuse
que le plus baroque des chants de victoire
et des péans en l'honneur d'Apollon!


Et votre nuque, Madame,
de s'allonger en s'avançant
dans le golfe Maliaque
de votre chevelure aux vagues d'azur
figurant vos boucles d'un noir bleuâtre
où dansent deux peignes d'or
qui, cependant, retiennent avec grâce
vos cheveux fins,
en les mettant dans l'ordre
souhaité par votre miroir!


Votre taille sublime de guêpe
suggère par sa finesse
l'anneau de Gygès
qui rend invisibles
aux gens du commun
les grandes beautés de ce monde!


Car, il n'est pas de pire ennemi
de votre beauté,
ô si majestueuse dame,
que le vulgaire
qui tout rapetisse,
afin de le ramener à sa mesure
et fait s'étioler
les plus grandes merveilles!


Car il est beaucoup de merveilles
en ce monde,
mais il n'en est de plus grande
que vous,
ô maîtresse d'amour,
ô Reine de Thèbes,
ô Impératrice d'Egypte,
ô vous qui êtes
à la fois mon talon d'Achille
et mon immortalité!


Or, plus grand est le plaisir
que vous me donnez,
à moi, qui ne suis
que votre humble sigisbée,
et plus longs et magnifiques seront
les hymnes que j'écrirai
en hommage à votre beauté unique
et qui seront, tôt ou tard,
gravés en lettres d'or
sur les murs de l'oracle de Delphes!


L'EMBARQUEMENT POUR CYTHERE

RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2006