Un Rêve de Faucon
Tu es une pierrerie
sur le turban en soie blanche
d’un émir !
Et ta peau même est
la soie de ce turban
et tes lèvres, trempées dans le sang
des cornalines,
l’une des gemmes rouges
qui l’ornent !
Vois mes paumes ouvertes,
comme elles caressent ta peau
lisse et fine,
plus délicate et agréable au toucher
que la soie de Mossoul !
Et vois aussi mon corps,
comme il me brûle,
comme il me cuit,
ainsi que des charbons ardents !
C’est qu’il est la proie de tes succions,
de tes morsures et de tes baisers passionnés,
plus violents que les ouragans
qui balaient tout sur leur passage,
emportant les arbres géants
et jusqu’aux toits des maisons !
Mais, plutôt que de parler
des ravages de ta passion,
je préfère chanter
sur ma harpe de Salomon
tes yeux pleins d’étoiles,
oui, tes yeux habités
par les galaxies éloignées,
au tissu stellaire plus dense
qu’une passementerie persane ou byzantine,
oui, aussi dense qu’un plexus solaire
ou que les entrailles d’une parturiente !
Ô dame dont les postures amoureuses
sont dignes d’être étudiées
par le Kama Sutra
que Kama, le dieu hindou de l’amour,
te garde toujours disponible
pour les jeux folâtres de la jeunesse
et te préserve de la mélancolie
ou de la colère !
Ô lecteur paisible et clément,
que le caractère aimable et savoureux
de ces hymnes
ne t’induise point en erreur
sur la durée des amours
qui y sont décrites
et qui sont charnelles, totales
et éternelles,
comme les rêves des faucons
et des aigles royaux !
Oui, elles sont les rêves
que les oiseaux font
par les nuits de pleine lune
sur les jardins du Hedjaz
ou d’Irak !
DEUX GRAINS DE MUSC
RECUEIL INEDIT. DU 07 AU 14 JUIN 2009