La Sylphide aux Prunelles Noires


L’arôme de ta gorge immaculée
est si pénétrant et si suave
que je crois être à peine sorti
du sein de ma mère,
car il supprime toute fatigue
et abolit la lassitude d’être !


Oui, l’effet de cet arôme
sur mes sens et sur mon coeur
est analogue à celui produit
par l’eau de la Fontaine des Lions
sur les moribonds !


Or, quand même je serais au tombeau,
le parfum de tes mammes
me ramènerait à la vie
en m’apportant la santé
et la joie du premier matin du monde !


Tu es en vérité le parangon
de la beauté féminine
par l’opulence de tes appas,
la bonté de tes agréments
et le charme inégalable de ton esprit !


En réalité, la possession,
oui, les gais ébats
et les pénétrations répétées
n’ont pas entamé ma jubilation,
car je découvre à chaque fois
un nouveau charme en toi,
ne serait-ce que par la manière
qui est la tienne,
et qui est infiniment variée,
de respirer, de te balancer,
de danser ainsi qu’une bayadère,
de réciter une ode
chaque jour différente,
de chanter des chansons
tirées du répertoire
des almées les plus savantes
ou les plus exquises
et enfin, d’inventer au lit
des postures érotiques
toujours nouvelles,
et toujours imprévues !


Es-tu Sylphide,
un de ces génies femelles
qui peuplent les airs ?


Et comme j’aime ton pubis,
ce parterre royal
composé de tulipes noires
qui se mirent dans le bassin d’albâtre
de ta hanche où chante le jet d’eau
aux mille gerbes
et aux mille couleurs !


Et que dire de ton flanc,
cette viole indienne,
ce luth de Damas
qui rend les sons les plus graves
et les plus profonds ?


Sache que tu es plus belle
que les jeunes filles des temps anciens,
celles qu’on vendait comme esclaves
dans le souk de Samarcande al-Azam
ou au Bazistan, le bazar persan
à Ispahan ou à Chiraz !


Or, je serai à jamais
l’esclave de tes yeux
et l’enchaîné de ta beauté !


DEUX GRAINS DE MUSC

RECUEIL INEDIT. DU 07 AU 14 JUIN 2009