La Cathédrale des Caresses


De même que le chant de la cigale
tourne autour de la brûlante question
du grain de raisin mûr et noir,
sommet de l’été,
de même mon chant à moi
tourne autour de la passionnante question
de ta hanche semblable à une paire d’oies dodues,
lourdes d’une graisse délicieuse !


Et, de même que tous les oiseaux mâles
chantent au printemps
leur oiselle bien-aimée,
de même moi, je célèbre en été
ton auguste beauté,
ô toi qui es à la fois ma femme
et mon rêve d’or,
ma terre et mon ciel,
ma ville basse et ma ville haute,
ma mère et ma fille !


Quand je pénètre en toi,
c’est avec la liberté
ou la légèreté du rossignol
amoureux de sa rossignolette !


Si tu me posais à brûle-pourpoint
la si difficile question :
« À quoi est-ce que je ressemble ? »,
je te répondrais que tu ressembles
à une idole païenne,
entourée de ses prêtresses officiantes
qui sont en réalité tes voiles nuptiaux !


Et j’ajouterais que tu ressembles aussi
au soleil de l’aurore
et à ses rayons
qui sont tes cheveux d’une blondeur chaude,
italienne et quasi-napolitaine !


Or, parée de tes bijoux précieux,
tu évoques la lune
et le cortège des étoiles
qui l’accompagne
dans ses pérégrinations nocturnes !


Mais je comparerais ta beauté fraîche,
avant tout, à la beauté du mois de Mai
et de ses fleurs
qui sont tes seins surnaturels
et tes fesses bouleversantes de volume, de rondeur
et de fermeté !


Et moi, d’ériger sur ton visage fin
de courtisane du Quattrocento
une cathédrale de caresses !


LA CATHEDRALE DES CARESSES

RECUEIL INEDIT. DU 15 AU 24 JUIN 2009