La Pêcheuse de Corail
Perdu dans la terrasse immense
d'un café abandonné au soleil
de trois heures de l'après-midi levantine
où j'ai l'air de quelqu'un
qui a perdu l'esprit,
je chante le long hymne
de ton âme de pêcheuse de corail
et je récite avec une enivrante passion
le poème de ton corps fortuné
dont la hanche semble une ombrelle
de feuilles géantes
de fougères arborescentes
et qui se balancerait dans la brise de la mer
et dont la senteur serait
le parfum ambré
des gardénias blancs!
Tant je suis attaché à toi,
que j'ai l'impression
que le monde entier
tourne autour de toi,
comme les nébuleuses australes
tournent autour de la Croix du Sud!
Car, mon amour pour toi
est plus haute que la Soufrière
et je n'ai guère tort
de comparer ton coeur
à un cratère de volcan,
puisque il est brûlant
comme une braise
ou comme un fer rouge au feu
et, qu'à partir de lui,
la lave rayonne
et vient mourir au bord
de tes fesses marines!
Tu es profonde et transparente
comme la nuit tropicale,
si tiède, si tranquille
et si voluptueuse qu'on dirait
qu'elle descend
sur la terre de Cythère
où embaument les fruits d'Aphrodite
et où tout est plaisir,
séduction, voire fascination!
Tu possèdes la simplicité
de ces filles du Tropique du Cancer
qui vont au marché aux roses
les pieds nus,
leur seul luxe consistant à porter
sur la tête une couronne
de roses naturelles!
Oui, je suis fou de tendresse
pour toi
et je voudrais que tu prennes ma tête
dans la voûte de citronniers en fleurs
de tes aisselles
où dorment les Naïades
aux robes de mousseline
collées à leur corps mouillé!
Et, dès la merveilleuse matinée,
toi de nager,
agile comme une dorade,
dans un bassin entouré d'orangers géants!
Puis, ainsi qu'une petite chatte blanche
portant au cou un collier bleu,
tu te couches dans l'herbe molle,
espérée par les hommes
et bénie par les Dieux
et les Déesses!
LE COBRA DE BRONZE
RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2006