La Sultane des Roses


Assis sur un fauteuil de bambou
et baignant dans le parfum des gardénias,
je chante la sorcellerie de tes yeux,
ô sultane des roses
et impératrice des brunes fauvettes
que je possédai à l’aube du jour mémorable
où une comète transperça mon coeur,
oui, une comète née de la contrition de mon âme
devant ton ineffable beauté !


Or, jamais de mémoire d’homme,
une beauté telle que la tienne
n’est apparue dans la vallée étroite
qu’est l’existence des mortels
et où les larmes de joie
sont moins fréquentes, et de beaucoup,
que les larmes causées par la douleur !


Quand je contemple ton saint visage
pendant que tu rêves,
je crois voir un océan bleu
où vogue un long vaisseau
aux voiles d’or
et pavoisé aux couleurs du Roi des Rois !


Et, quand tu sors du bain
parée, ornée et coiffée,
ainsi qu’il sied à une fille de Roi,
tu éblouis les princes de passage,
plus par ta beauté sans fard
que par les diamants
de tes bracelets de cheville
ou les turquoises de tes bracelets de poignet
ou les bagues d’améthyste de tes doigts
ou enfin, par ton collier de perles roses !


Sache, ô délectable oeil de mon esprit,
oui, sache qu’aucune Reine
de par le monde
ne saurait être aimée
aussi fidèlement que toi,
ô larme de mon âme de trouvère,
de savant et de mystique !


LA BANNIERE ECARLATE

RECUEIL INEDIT. DU 25 JUIN AU 03 JUILLET 2009