L’Etoile Rose


Ah ! Comme je voudrais te caresser
ainsi qu’un bébé nouveau-né,
pur de toute souillure,
dans une barque légère
ainsi qu’un mauve papillon,
oubliée, abandonnée au soleil
de trois heures de l’après-midi,
heure de prière pour les musulmans,
heure de félicité infinie
pour nous autres amants !


Ah ! Me marier à toi,
au dernier jour de Juin
et au son d’une cigale bienheureuse,
sanctifiée par l’innocence de l’été
et vouée à l’éloge interminable de l’amour
et à la louange méritée de l’élévation !


Or, te baiser sur les lèvres,
cela équivaut à mâcher
une feuille douce-amère de vigne
ou à avancer en été
dans une allée ombreuse
ou à se mettre nu sur la plage
au crépuscule estival,
voire à se vêtir de soleil chaud
et d’eau fraîche de puits
à midi, moment de pause,
instant de recueillement
dans les jardins et les oasis !


Alors que l’heure de la moisson
a déjà sonné
et que déjà les épis de blé sont battus
dans les aires larges
comme des yeux de belles filles,
moi, je réfléchis,
oui, je médite sur la façon
de peindre une image de toi
qui te représentera fidèlement,
oui, une image dramatiquement,
tragiquement différente
de celles que nous propose en abondance
le monde actuel !


Car tu es en vérité
une voix de femme douce et aimable,
au milieu des hennissements
et des rugissements d’une ménagerie,
une tourterelle égarée
dans une tanière d’hyènes,
une musique suave de luth indien
dans une aciérie allemande
et enfin, une étoile rose
dans la sombre tempête
des temps modernes !


LA BANNIERE ECARLATE

RECUEIL INEDIT. DU 25 JUIN AU 03 JUILLET 2009