Terre Assoiffée
Comme la terre en été,
tu as soif de mes bras vigoureux,
de mes paumes voluptueuses
sachant caresser
et de mon sperme,
fécond comme une plaie tropicale
et nourrissant comme une soupe d’asperges
qui t’épanouira,
ô rose à cent pétales,
plus odorante que le musc de gazelle,
ô fleur de magnolia,
plus large que ma main,
plus blanche que les cygnes
et plus embaumée qu’une belle-de-nuit !
Et de me provoquer
de tes balancements de serpent robuste
et mûr pour la conquête
et qui ne se balance
et ne bouge
que pour mieux jouir de son agilité,
que pour mieux se délecter
de sa propre souplesse !
Ô toi dont le port de tête majestueux
fait l’égale d’une Reine d’Arménie,
je suis ébloui,
quoique perplexe,
devant tes prunelles de jeune fauve,
oui, devant tes yeux de félin,
pareils par leur soudain éclat
aux yeux des chats
dans la nuit noire
ou à ceux des tigres du Vietnam
surpris par les phares des voitures
dans la jungle perfide !
Or, je suis ému,
malgré, j’avoue, ma perplexité
et mon embarras,
par ton regard grave et méditatif,
et aussi par le souverain calme
qui émane de tes traits,
jamais enlaidis par une grimace,
par la splendeur de ta peau immaculée,
la châtaine opulence
de ton abondante chevelure
et par ta gorge
lourde de fruits,
sous le poids de laquelle tu ploies,
plus que tu ne marches !
LA BANNIERE ECARLATE
RECUEIL INEDIT. DU 25 JUIN AU 03 JUILLET 2009