L’OEil-de-Lotus


La hanche de chaque femme
est son trésor secret,
l’écrin où elle garde
les joyaux de sa séduction
ou la cassette où dorment les pièces d’or
qu’elle suspend en pendeloques
à ses oreilles soyeuses !


Oui, ce petit cul
qu’elle prend soin de parfumer à la rose
quand elle fait sa toilette d’amour,
est un oeil-de-lotus
d’où coule la joie
comme un Gange
qui, après avoir traversé
la plaine indienne,
se jetterait dans l’océan de nectar,
ou de soma,
comme disent les Hindous !


Or, le petit derrière,
à la fois innocent et fripon,
de la femme est une belle flambe,
oui, une belle épée à lame ondulée,
un vrai cimeterre persan,
un yatagan turc
au moyen duquel
celle-ci ravit la raison
des pauvres amoureux !


Ah ! Mes rêves sont gorgés
de lotus de lune
et de ce bois de santal
que l’on brûle dans chaque maison indienne
et dont le parfum
évoque pour moi
les plus doux instants
passés avec toi,
ô bien hanchée,
lapis-lazuli de mon ciel,
saphir de mon âme
et perle blanche de mon coeur !


Oui, mes souvenirs sont pleins
d’accolements, de baisers sur la bouche,
d’égratignures d’ongles
et de tes tout petits cris d’amour,
ô plus tendre que tous les oeillets
et que tous les nénuphars,
et plus épicée qu’un mets tropical !


Mais, ce qu’il y a de plus séduisant,
c’est ton roucoulement de petit ramier,
quand je te tiens fermement
dans mes bras,
après l’amour !


Alors, tu as, quoique éveillée,
des visions
où passent la Voie Lactée,
les autres galaxies
et les amas galactiques,
des planètes et des soleils,
des aigles de mer et des albatros,
des coursiers blancs et des alezans,
des lions et des gazelles,
des taures et des brebis !


Et c’est un hymne qui s’élève ainsi
comme une prière de gemmes
vers le firmament d’Indra,
le Zeus hindou !


LE CHATEAU DES DESIRS

PUBLIE PAR ENCRES VIVES. COLL. LIEU. SEPTEMBRE 2009