De l’Art Riche


Ô toi dont les prunelles
sont jalousées par les gazelles de Chine,
dont la hanche
porte envie aux juments percheronnes
et dont les jambes
font pâlir les jasmins persans,
je te félicite
pour ta fière démarche d’autruche
et pour la mousseline dorée
recouvrant ta forte et belle croupe
qui me communique l’électricité
de ton coeur,
comme les cigales me communiquent
l’électricité contenue dans l’été
parvenu à son sommet !


Mais tes seins aussi,
de par le tissu d’or
et le satin chinois
qui les mettent merveilleusement en valeur,
m’enseignent l’art opulent,
oui, l’art riche
et non pas l’art pauvre,
tant prisé par les malades
et les sots !


Or, il y a une telle profusion
de courbes et de couleurs
dans nos jardins, dans nos vergers,
dans nos prairies, sur nos pâturages,
dans les forêts, sur les montagnes,
dans les vallées, dans les mers,
sur les nues d’automne
et même d’été,
sur les étoiles multicolores et rondes,
dans nos hauts fourneaux
et dans nos raffineries,
dans nos temples, sur nos navires
et nos barques,
chez les oiseaux de paradis
ou de proie,
chez nos animaux domestiques,
chez les fauves flamboyants
et surtout, chez les jeunes femmes,
oui, il y un tel excès
de formes et de couleurs
qu’on ne saurait réduire
la richesse universellement orgiastique,
voire sexuelle,
aux formes d’un squelette
sans vie !


Car une telle réduction
serait une inexcusable faute de goût,
doublée d’un défaut de profondeur
colossal et absolu !


Et la révolte des artistes maudits,
tels Van Gogh, Nietzsche,
Baudelaire ou Rimbaud,
resterait sans lendemain,
si l’art devait finir un jour
dans les catacombes minimalistes !


IDOLES DE VOLUPTE

RECUEIL INEDIT. DU 05 AU 13 JUILLET 2009