Le Flambeau d'Encens


Ta naturelle élégance
et ta prestance d'adolescente
te placent au pinacle de la beauté,
au faîte du temple de Jérusalem
de la félicité
et à la voûte de Sainte-Sophie
de la féminité!


Telle la plante que les anciens Grecs
appelaient chrysopole
et qui accepte l'or
sur ses feuilles
et s'en imprègne même,
tandis qu'elle repousse l'or faux,
je me suis uni à toi,
non comme l'or à un métal vil,
mais comme l'or pur
à l'or pur!


Car, pour mon bonheur,
les filles du commun,
soit que je les ai fuies,
soit qu'elles-mêmes
m'aient fui,
se sont toujours tenues à l'écart
de mon chemin de fin Athénien
qui n'éprouve nullement
le besoin d'une funeste mésalliance!


Tu es un flambeau d'encens
qui brûle, prodiguant à la fois
lumière et parfums,
et qui consume, jusqu'à la souche
et aux racines,
l'arbre énorme de mon égoïsme,
nourri d'adversités
et de malheurs!


Car, plus un homme est malheureux,
plus il est sourcilleux
sur la question ayant trait
à l'exclusive possession par lui-même
du Bien qui devrait être commun
à tous,
comme l'air que nous respirons
et comme l'eau
dont nous avons soif!


Or, tu es ma liberté retrouvée
avec la félicité
et la suppression de mon orgueil
né d'une somme de maux
insupportables pour mon amour propre!


Oui, il me tarde de voir
la cérémonie de notre mariage
accomplie,
et il n'est guère de jour plus long
que le jour qui précède
la nuit des noces!


Car, c'est la nuit
que pour rien au monde
je n'échangerais contre tout l'or de Midas
et que je ne pourrais point souffrir
de mettre en balance
avec la plus grande fortune du monde!


Pourtant, ce jour
d'avant la nuit nuptiale,
j'aurai la satisfaction légitime
de voir mes hymnes
chantés en guise d'épithalames
par un choeur
de merveilleuses jeunes filles
choisies parmi tes compagnes!


N'importe! Tout m'est égal,
pourvu que je sois victorieux
de toi
dans la bataille amoureuse
qui ne manquera pas
de nous opposer
pendant la nuit,
et jusqu'à l'aube,
où chantera le coq du triomphe!


LE COBRA DE BRONZE

RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2006