L’Interminable Eté


Tes longs et noirs sourcils sont
deux caroubes poussant dans un verger de Chypre
et tes cils recourbés,
deux yatagans
appartenant au Sultan de Stamboul !


Et tes prunelles sont transparentes
comme l’eau des sources de l’Ida crétoise,
alors que tes paupières sont
deux narcisses amoureux de toi !


Les roses blanches et les jasmins
des jardins de la Grèce du Sud
doivent leur blancheur virginale
à la pâleur de tes joues
plus délicates que le clair de lune
au-dessus de la mer Égée
en Juillet !


Cependant, semblables à un miraculeux
cul de poule aux oeufs d’or,
tes fesses sont deux coupes d’ivresse
qui troublent les sages
et tes cheveux de corbeau
embrouillent le coeur des amants !


Sous tes vêtements en soie de Nichapour,
je devine un sombre pubis,
composé de grappes de raisins noirs
dont le parfum ressemble
au musc de Chine !


Et ton fastueux, ton vigoureux clitoris
est la Porte de la Victoire
à Babylone,
la Porte que regardent
les jardins suspendus
de cette cité fabuleuse
qui a pris possession
de nos deux coeurs,
de par sa féerique majesté
et nous a enseigné
la supériorité,
difficile à admettre,
et néanmoins évidente,
d’un don de soi
qui serait intégral, total
et éternel !


Et je plonge dans ta vulve
comme dans une platanaie
très ombreuse,
abreuvée par la sève de ta jeunesse !


Au loin, les vagues de la mer grecque
clapotent
et m’apportent la brise embaumée
d’un interminable été !


L'INTERMINABLE ETE

RECUEIL INEDIT. DU 15 AU 20 JUILLET 2009