À Doumâdir El-Khansâ


Ô jeune femme princière,
libre et inviolable,
dont le coeur n’a jamais palpité
de crainte,
et dont la croupe saillante
a eu le temps de s’arrondir
dans la sécurité,
les soins des servantes fidèles,
l’aise, le loisir, le confort,
le repos mérité
et les louanges des seigneurs,
à genoux je te salue !


Ô jouvencelle arabe
de la tribu des Beni-Solaïm,
ô fille brune
d’origine pure,
ô renarde des sables,
petite ânesse de mon âme,
bourricot de mon coeur,
ô génisse de mon rêve,
ma pouliche de lumière,
mon gardénia bien-aimé,
ô jasmin de mes yeux,
bel éventail de mon esprit,
petit pain frais
au sésame persan,
ô sang de mes hymnes,
tu es en vérité ma noble gazelle
parée d’une paire d’yeux grands
et noirs et longs
et d’une opulente chevelure,
d’un beau noir de corbeau,
et pareille à la queue peignée
d’une cavale de race,
oui, d’une jument de course !


Ah Vite, que je me traîne
à tes pieds fins,
plus fins que les pieds
d’une princesse andalouse,
et que je baise tes genoux,
plus blancs que le soleil de Juillet
en Méditerranée !


Ah ! Que je caresse savamment
avec sophistication
tes jambes plus élégantes
que des tiges de papyrus,
et que je touche tes cuisses de gloire
qui s’arrondissent vers le haut
et qui sont les portiques
de la cité fabuleuse d’Irem-aux-Colonnes !


Et que dire de ta croupe
si considérable et si lourde
que, quand tu te lèves,
elle t’oblige à te rasseoir ?


Vite, qu’on apporte à la terrasse
du café maure où je suis assis,
cependant que l’air autour de moi
frétille du chant des cigales,
ces castagnettes de l’été,
oui, qu’on m’apporte un calame
ou une plume
afin que je puisse décrire,
avec des mots choisis,
ton pubis, ce verger du Hedjaz,
ce jardin de roses
brunies par le soleil
et de tulipes bleues,
louées par le Seigneur,
cet enclos égyptien,
planté de violettes sombres !


Oui, ton pubis est une queue d’hirondelle
qui me poignarde en rêve
et que, dans la réalité,
j’irrigue de semence poétique !


Cependant, même avec un calame,
je ne puis trouver les mots
qui conviennent pour chanter
tes épaules rondes,
si rondes qu’on ne peut
en deviner les os
et ton visage, si beau
qu’on ne peut le comparer,
parmi les choses terrestres,
qu’à une île perdue
des Indes Orientales,
oui, à une île corallienne
comme Lankafushi !


Or, de même que ton visage
est couronné de tes cheveux de lapis-lazuli,
de même Lankafushi est couronnée
des cocotiers de l’éternelle beauté !


Et sans doute, dans ton sommeil,
es-tu visitée
par les poétesses du ciel
dont la fonction est de penser l’amour
et, en le pensant,
de le générer !


Voilà pourquoi, tu as porté,
avec un talent à ce jour inégalé,
oui, tu as érigé la statue de l’amour
sur un socle d’or !


Tu as fait cela
afin de faire connaître
aux générations futures
ce que l’Amour n’est pas
et ce que l’Amour est !


L'INTERMINABLE ETE

RECUEIL INEDIT. DU 15 AU 20 JUILLET 2009