L’Étendard de Cigales


Ta brune chevelure est
un étendard de brunes cigales
qui bat au-dessus de ma tête,
lorsque je te renverse sur le dos,
cependant que tu te laisses caresser
par mes paumes de troubadour
aimé des dames !


Dès que je te vis pour la première fois,
mon coeur s’envola vers ta personne
et le sommeil s’est enfui de mes yeux,
afin de jouir à loisir
de ta proximité !

Or, mon coeur est le plus précieux
et le plus nécessaire des biens
que je possède
et mes yeux ne peuvent rêver à toi
sans le sommeil !


Ah ! Que mon coeur reste dans ta demeure,
quand je m’en irai de chez toi
et que mon sommeil aussi y reste !


Car je préfère être démuni de tout
face à toi,
afin que je porte le seul poids de ton amour,
à l’exclusion de tout autre fardeau !


Et que ferais-je du sommeil,
puisque je peux rêver à toi,
même à l’état de veille ?


Pourquoi boire et manger,
puisque ta bouche m’offre
un vin plus fruité que la sangria
et que tes seins et tes fesses
sont les plus délicats
et les plus substantiels des mets ?


Dès aujourd’hui, je renonce
au boire et au manger
pour me consacrer exclusivement
à la contemplation de la divinité
qui n’est autre que toi,
ô plus belle que mes dieux
et que mes déesses !


Qui d’entre les sages a dit
que les yeux noirs,
quand ils sont langoureux,
nous transpercent comme des sabres
de la Vieille Delhi ?


Or, tes yeux à toi,
par ailleurs si amicaux pour moi,
sont mes plus terribles ennemis !
Car ils me visitent dans mes veilles
et sont logés à l’intérieur de mon cerveau,
en sorte que, quand tu me regardes,
je me regarde et me juge
comme le plus sévère, à mon égard,
des magistrats !


LA FEMME-POISSON

RECUEIL INEDIT. DU 29 JUILLET AU 05 AOUT 2009