L’Âme d’Azur Insensible


Ô ma Bien-Aimée,
si je pouvais, aidé de mes deux mains,
serrer ta tête à l’opulente chevelure
contre ma poitrine !
Ce serait alors comme si la nuit immense
descendait sur mon coeur,
avec ses grandes ailes embaumées
et résonnantes du chant des grillons !


Ah ! Si je pouvais extraire
de ta tête savoureuse
ta sève, comme on extrait de la rose
son essence !


Ah ! Boire de l’eau de source
à l’urne de ta face !


Ah ! Me nourrir,
poussé par une faim extraordinaire,
oui, me nourrir des fruits de ta chair
comme d’autant de poèmes de la Nature
et comme d’autant de sentences
de sages du passé !


Or, quand même me ferais-tu souffrir,
je ne m’en réjouirais que plus !
Car les douleurs sont les bienvenues,
pourvu qu’elles soient causées
par une dame à la beauté indéniable !


En effet, pourquoi se plaindre
à la Bien-Aimée,
des tourments qu’elle nous inflige,
puisque son âme est pareille à l’azur insensible
et à la roche sourde
d’où sourd l’Eau de Jouvence ?


LA FEMME-POISSON

RECUEIL INEDIT. DU 29 JUILLET AU 05 AOUT 2009