À la Très Haute et Très Pure Dame
Non, tu n’es pas une femme,
mais une angellette descendue de l’Éden
ou une Reine de pays de rêve !
Quand tu marches,
fière dans tes voiles blancs,
oui, quand tu marches devant moi,
ta croupe frémit
sous la robe de soie du Luristan,
comme frémissent les sphères,
prises dans le mouvement céleste !
Et que dire de tes seins arrondis
que les battements d’ailes
de ton coeur
font palpiter ?
Quand même tu serais l’Enfer,
je me précipiterais en toi,
la tête la première,
afin de voir briller le soleil
en ton milieu !
Ô très haute et très pure,
que cet hymne mien
te fasse connaître diverses choses
que je viens de découvrir
dans mon coeur,
en y fouillant avec une douloureuse attention :
en premier lieu, mon amour immodérée
pour toi qui m’es plus chère
que mon sang
et que mon cerveau,
en second lieu, ma passion pour ta hanche
et enfin, mon désir extrême
de voir tout nu
ton corps de jeune fille !
Est-ce que rechercher ton amour
équivaut à vouloir fouler
un jardin défendu
ou à chercher à remonter le cours
d’un fleuve interdit aux humains
ou enfin, à demander à toucher
les étoiles inaccessibles
de la nuit ?
C’est à toi de te prononcer là-dessus !
Quoique qu’il en soit,
sache que mon amour
est vouée exclusivement
aux plus hautes et aux plus pures
d’entre les très hautes et les très pures,
celles précisément que le peuple
considère comme irréelles
et qui, en fait, sont plus réelles
que les humbles paysannes
et surtout, plus pures !
LA FEMME-POISSON
RECUEIL INEDIT. DU 29 JUILLET AU 05 AOUT 2009